Charmante comme tout, toujours tirée à quatre épingles, ses lunettes presque aussi âgées qu'elle sur son nez, elle me regarde.. elle me parle avec tant de tendresse que je m'en rend pas compte sauf quand elle est absente.. et aujourd'hui elle l'est.. ce doux parfum quand j'entrais chez elle, cette grande chaleur et ce visage regardant l'enfant qu'elle défendait comme elle le pouvait minimisant les faits avec une pointe de complicité en bravant la vérité celle des parents. A des moments perdus je me blottissais contre elle. Elle me caressait et me parlait d'une voix détendue et sereine. Je l'ai aimé s'en vraiment me rendre compte à quel point je l'aimais.. je me souviens lorsque je me régalais de ses confitures, ses gâteaux maison et ses délicieuses tartes. Elle souriait de tant de bonheur.. elle se foutait de ce monde 'moderne'. Elle vivait et réglait ses comptes. Elle avait horreur des 'ordinateurs' qui, d'après ses dires, étaient la cause de tous les maux que les personnes âgées rencontraient; "la paperasse". Pieuse et adepte d'une sainte elle se rendait chaque dimanche dans cette même église où les prières fusaient. Elle est partie un jour quittant cette pièce lumineuse celle où son fauteuil est resté vide.. emportant son siècle avec elle, ses histoires de hyènes la pourchassant dans un pays lointain, ses frères morts dans ses bras, ce père mineur de fond parti à 30 ans puis.. ses déboires avec les autres, sa misère pour vivre, se battre pour donner à sa progéniture, ses travaux dans des maisons bourgeoises, les railleries.. Une petite 'Cosette' au milieu d'un cirque régnant et ayant existé.. les guerres.. la famine.. Son unique amour celui qui allait devenir son époux. Il m'arrive de la voir certaines nuits dans mes rêves. Une fois.. elle me souriait, toute vêtue de blanc et ce visage magnifique qu'elle avait.. Ma tendre grand-mère, ma mamie, mon amour.. un de plus.. gravé dans mon coeur.